On apprenait ce mercredi matin 23 mars l'interpellation en Hongrie de Loïk Le Priol, militant d’extrême droite, meurtrier présumé de l’ancien international de rugby Federico Martin Aramburu tué samedi matin à Paris. Quelques heures plus tard était arrêté son complice présumé et également militant d'extrême droite, Romain Bouvier, à Sablé-sur-Sarthe, dans la Sarthe. Nous avons enregistré ce Club indé entre ces deux informations, et revenons longuement, avec Mathieu Molard de StreetPress, sur la trajectoire de Loïk le Priol et le travail spécifique déployé par la presse indépendante au sujet de cette extrême droite violente. Outre Mathieu Molard, nos invités sont Elie Guckert, collaborateur de l'ONG d'investigation Disclose, et Sarah Brethes, de Mediapart. 

Et puisque ce Club indé a pour thème les obsessions fructueuses des médias indépendants, nous nous arrêtons ensuite sur le récent scoop du média Disclose, qui a révélé le montant et la nature des équipements militaires livrés par la France à la Russie de 2015 à 2020, alors même que l'Union européenne avait décrété un embargo suite à l'annexion de la Crimée. Mais l'embargo ne portait pas sur des contrats signés antérieurement. Or ces équipements – caméras thermiques, systèmes de navigation et détecteurs infrarouges – sont destinés à des tanks, avions et hélicoptères actuellement utilisés en Ukraine, notamment contre les populations civiles. 

On aborde aussi, avec Sarah Brethes de Mediapart, l'épineuse question de l'usage des éléments de vie privée des personnes qui font l'objet d'investigations journalistiques. Le média s'est abstenu pendant de longues semaines de publier un article sur le harcèlement moral exercé par l'ex-secrétaire d'État à l'Éducation prioritaire Nathalie Elimas sur les membres de son cabinet : fallait-il mentionner une "relation perçue comme intime" entre la secrétaire d'État et un membre du cabinet, relation qui serait au cœur de l'atmosphère toxique au cabinet ? Sarah Brethes explique les questionnements qui ont agité la rédaction. 

Voici deux extraits de notre émission : 

Ne pas oublier le continuum entre "ultra-droite" et extrême droite

Que penser du terme "ultra-droite" utilisé par les médias pour qualifier les militants Loïk Le Priol et Romain Bouvier ? Pour nos invités, ce terme policier les dépolitise, puisqu'il fait le distinguo entre l'extrême droite violente et les partis d'extrême droite. Or les liens entre les deux sont avérés, tant dans l'entourage de Marine Le Pen que dans celui d'Éric Zemmour.

Ukraine : des experts mal identifiés

Invités sur les plateaux de Franceinfo, Ariane Lavrilleux et Elie Guckert de Disclose se sont trouvés face à des "experts" de la guerre en Ukraine, contestant et la validité et la pertinence de leurs révélations sur les livraisons d'armes de la France à la Russie jusqu'en 2020 ; allant, pour Jean-Dominique Giuliani, de la fondation Robert-Schuman, jusqu'à qualifier la démarche d'enquête d'illégale, et à parler de "trahison". Outre que leurs premières sources étaient officielles (un rapport destiné aux parlementaires), Elie Guckert fait observer que la fondation Robert-Schuman, qui "œuvre en faveur de la construction européenne", est financée par Matignon ; or c'est aussi Matignon qui prend des décisions sur les livraisons d'armes… "L'expert" n'est pourtant pas présenté comme relié de la sorte au gouvernement. 

Pour aller plus loin : 

- Le premier article de StreetPress sur Loïk le Priol, quand il avait monté une marque de vêtements identitaires, Babtou Solide. 
- L'article de Marianne et celui de Mediapart (2015 et 2016) sur le passage à tabac d'un militant du GUD par ses collègues, filmé par Loïk Le Priol.
- Le site de l'ONG Disclose et ses nombreuses révélations sur les ventes d'armes de la France à des régimes autoritaires et en guerre.